Gildas Loaec
Cofondateur Maison Kitsuné
16 décembre 2016
Paris
Gildas Loaëc est l'incarnation du « self-made man » moderne : autodidacte qui a commencé par faire des rave parties et imprimer des fanzines au lycée, il a été manager et directeur artistique du groupe internationalement reconnu Daft Punk, avant de cofonder la marque culte de prêt-à-porter et de musique qui s'intéresse désormais au café de qualité : Maison Kitsuné. Cependant, si vous posez la question à Gildas, tout cela pourrait se résumer à de la chance et à rencontrer les bonnes personnes au bon moment. Lancée en 2002, la marque compte désormais plus de 300 points de vente dans le monde entier dont neuf boutiques à New York, Paris, Hong Kong et Tokyo. Maison Kitsuné se distingue par sa croissance à la fois soutenue et impressionnante, tant avec ses collections de prêt-à-porter pointues que du côté de son propre label de musique, ce qui n'est pas une mince affaire. Gildas déniche de jeunes musiciens tels que le groupe australien Parcels, collabore avec des artistes street art tels qu'André et travaille constamment à la construction de l'histoire de sa marque, histoire qui touche un public de plus en plus important. Nous avons rencontré Gildas dans son modeste bureau, situé dans une petite rue calme non loin des Grands Boulevards parisiens. Le créatif de 43 ans nous y a expliqué pourquoi le look classique à la française reste tendance et nous a parlé de l'importance de susciter de l'empathie pour ses produits.
Comment fais-tu en sorte que Maison Kitsuné reste branchée ?
C'est mon obsession. C'est essentiel à notre survie. Et je pense que cela passe principalement par la musique. Nous devons nous réinventer en permanence afin de ne pas vieillir en même temps que notre noyau dur : les gens qui ont découvert notre marque à ses balbutiements. Je bats sans arrêt le pavé à la recherche de nouveaux artistes et musiciens, à la recherche de nouveaux sons et de nouvelles tendances pour notre ligne de vêtements également, bien qu'elle reste relativement classique.
Tu parles du style classique à la française ?
Exactement, bien que nous préférions l'appeler le style parisien. La majorité de notre clientèle se trouve en Asie. Elle est très jeune et beaucoup plus portée sur le streetwear, on a donc aussi des pièces qui portent la marque de manière plus ostentatoire, plus audacieuse. C'est un peu comme une recette : on l'améliore tous les jours. Il n'y a pas de règles. Enfin, si, mais il faut les adapter.
Comment découvres-tu de nouveaux talents ?
Il faut rester curieux et garder un œil ouvert sur ce qui se passe autour de nous. Cela peut aussi bien se passer dans la rue que sur cet instrument magique qu'est Instagram : il suffit d'être au bon endroit pour obtenir une source intarissable d'informations. Le fil d'actualité est adapté aux intérêts de chacun. Ce que les jeunes aiment m'a toujours fasciné, sans que je sois nécessairement obsédé par la « culture jeune ».
Paris est-il un endroit propice à cela ?
On retrouve de nombreux créateurs et artistes à Paris, mais la ville a tendance à se reposer sur ses lauriers. Les grandes entreprises qui monopolisent le marché compliquent la tâche aux industries créatives. De plus, les médias manquent d'ouverture en France. S'ils parlaient davantage des petites marques, cela changerait la perception que les gens ont de la France à l'étranger. Les classiques sont importants, bien sûr, mais il faut voir au-delà. De l'extérieur, Paris peut sembler un peu trop old school pour cela, alors que ce n'est pas le cas.
Comment est née Maison Kitsuné ? Comment as-tu rencontré ton acolyte, Masaya Kuroki ?
À 19 ans, j'ai ouvert un petit magasin de disques pour DJ à Paris, en face d'un magasin de skate où Masaya traînait. C'est comme ça qu'on s'est rencontrés. Ce n'est que plus tard, alors que je devais me rendre au Japon pour produire un film d’animation avec le groupe Daft Punk, que j'ai pensé à contacter Masaya. Il est japonais et parle couramment le français. Du coup, je lui ai demandé de nous accompagner. C'était génial d'avoir quelqu'un pour nous aider. On rentrait dans la moindre boutique. On voulait simplement voir ce qu'elles faisaient en matière de mode et de design. C'est alors qu'on a découvert qu'il y existait plein d'opportunités à explorer.
“Le style est quelque chose qui inspire, qui suscite une vive émotion et crée un lien avec les autres. Dans le cas de Maison Kitsuné, il s'agit de notre attention portée aux détails.”
Comment vous complétez-vous dans votre travail ? Quel rôle joue Masaya ?
Je me pose souvent la question [rires]. Je plaisante, en réalité, Masaya habite maintenant au Japon et dirige notre branche japonaise ainsi que d'autres secteurs importants tels que Taïwan et la Corée Il est en quelque sorte l'ambassadeur de notre marque et gère le développement commercial. Quant à moi, je me charge des équipes et des studios. Avant, on travaillait seulement à deux, mais aujourd'hui on est entourés par plein de personnes hautement qualifiées et plus compétentes que nous. J'aime trouver des personnes qui sont capables de réaliser mes idées bien mieux que moi.
Quelle preuve de modestie.
Je suis ce qu'on pourrait appeler un « directeur artistique ». À vrai dire, on est également entrepreneurs. C'est ce qui nous unit, Masaya et moi. On travaille à développer une société solide sur le plan économique. Le chiffre d'affaire et les bénéfices font toujours partie de l'équation.
Tu étais également le directeur artistique de Daft Punk pendant tout un temps. Qu'as-tu tiré de cette expérience ?
Le fait que le style importe et joue un rôle dans toutes les entreprises créatives. Avoir une idée et la concrétiser ne représente que la moitié du travail. Il faut ensuite imaginer comment les gens vont accéder à cette idée, ou comment toucher la corde sensible avec ce que vous avez créé. Quelle histoire lui donner pour toucher les gens, pour qu'une fois qu'ils découvrent cette idée, ils veuillent en parler à leurs amis ? Cela vaut notamment pour les chansons, mais pour uniquement. Beaucoup d'artistes font un travail génial, mais personne ne s'y intéresse. Ils ne peuvent pas se contenter d'attendre d'être découverts.
Pour toi, que signifie le mot « style » ?
C'est très subjectif. Le style est quelque chose qui inspire, qui suscite une vive émotion et crée un lien avec les autres. Dans le cas de Maison Kitsuné, il s'agit de notre attention portée aux détails. À travers le style, des gens peuvent se reconnaître et savoir qu'ils ont des goûts similaires.
Et toi, tu as trouvé ton propre style ?
Non, et c'est ça qui est marrant et qui m'intéresse plus généralement avec le label de musique et la marque : je veux expérimenter et évoluer. Il faut rester connecté avec son temps.
Maison Kitsuné est connue pour être toujours au fait des tendances, que ce soit dans le prêt-à-porter ou la musique. Cela se reflète-t-il également dans la décoration d'intérieur ?
On s'efforce d'offrir des produits de qualité en accordant une grande importance aux tissus, aux finitions et aux détails. On adore plancher sur un nouveau thème chaque saison, raconter une histoire à travers nos collections et tout l'univers visuel qui les définit. Chez Maison Kitsuné, créativité, curiosité et qualité sont les maîtres mots. Il en va de même pour la musique : on veut dénicher la chanson qui va durer, créer une émotion et raconter une histoire à long terme. Et cela se reflète évidemment dans nos choix de décoration intérieure. Des meubles d'exception allient inventivité, fonctionnalité et qualité. Et les meubles USM offrent toutes ces qualités, ainsi que solidité et durabilité. Pour moi, les designs USM sont des classiques intemporels.
Comment choisis-tu tes meubles ?
J'essaye de trouver un équilibre entre les classiques vintages et le design contemporain épuré, mais intemporel, des meubles USM. En fait, je décore une pièce un peu comme je m'habille : en combinant différentes pièces !
Qu'en est-il des pièces USM que tu as ? Font-elles partie de ton style ?
Leur qualité ingénieuse me fascine. Les meubles ont une histoire à raconter, tout du moins pour les personnes qui connaissent la marque. Cela a un certain cachet. Cette démarche m'intéresse également pour Maison Kitsuné : on aimerait être capables de susciter le même genre d'empathie qu'USM. Trouver comment créer une expérience suffisamment enrichissante pour que les gens aient envie d'en parler à leurs amis nous tient particulièrement à cœur.
Tu parlais de susciter de l'empathie pour les produits. Quel rôle cela joue-t-il au sein de Maison Kitsuné et vis-à-vis de votre public ?
C'est précisément ce souci de qualité et de créativité, ainsi que le désir de prendre le temps nécessaire pour créer l'histoire qui définit un produit, qui suscitent un sentiment d'empathie et une relation durable avec nos clients et notre communauté. On est persuadés de l'importance du bouche-à-oreille, tant pour notre griffe de vêtements que pour notre label de musique. Quoi de mieux qu'un ami qui te conseille d'écouter tel groupe, telle chanson, ou te fait découvrir une marque de vêtements ?
De quel moment de ta carrière es-tu le plus fier ?
De l'ouverture de notre boutique à New York, parce que même dans nos rêves les plus fous, on n'avait jamais imaginé avoir un magasin dans cette ville. On a ensuite ouvert une boutique au Japon pour laquelle nous avons construit le bâtiment tout entier. Encore une fois, on n’aurait jamais imaginé faire cela à nos débuts. Mais en réalité, ma plus grande fierté vient des petites satisfactions au studio et de tous les progrès accomplis.
Nous remercions Gildas Loaëc de nous avoir consacré sa matinée. Visitez le site de Maison Kitsuné pour en apprendre davantage sur la marque.
Ce portrait a été produit par le magazine international Freunde von Freunden. Cliquez ici pour découvrir tous les meubles USM pour votre maison et votre bureau.